Expérience patrimoine - Artitude Chamrousse

Présentation

Présentation

J’ai testé pour vous : la visite découverte du patrimoine de Chamrousse

« Comme un trait d'union entre les mondes : celui du ski & de la montagne et celui de l'architecture & de l'art »

Février 2023, Chamrousse 1750, avis art & architecture, entre amis
Chloé, curieuse du patrimoine local

Aujourd'hui, c'est un jour un peu spécial, car avec Yohann, nous allons nous intéresser de plus près au patrimoine culturel de notre station de ski préférée.
On pose les skis en ce vendredi après-midi des vacances, pour prendre le temps pour (re)découvrir l'art et l'architecture qui nous entoure, grâce à la visite guidée "Artitude" proposée dans le programme des animations de Chamrousse.
Direction Chamrousse 1750 à Roche Béranger, le rendez-vous est donné devant l'église, en montant à droite après la Mairie. Une mystérieuse bâtisse, cette paroisse St Jean de la Croix, on peut passer devant sans la voir, bien intégrée au paysage de montagne. Ici pas de classique clocher surmonté d'une grande croix, ni de vitraux, mais un toit presque plat à hauteur de la route, des murs en pierre, un habillage extérieur en bois et une entrée presque cachée...

Surprenante origine

Nous sommes accueillis par Bernadette (référente culturelle de Chamrousse, aujourd'hui bénévole car à la retraite), nous sommes un petit groupe de 6 personnes pour pouvoir passer un moment privilégié d'échange et d'écoute.
La visite commence en dessous par la chapelle, un lieu qui n'est pas ouvert au public en tant normal (hors visite guidée et journées européennes du patrimoine).
Notre guide nous explique, quand fait, cette église de style moderne est un ancien centre œcuménique (plusieurs religions chrétiennes : haut catholique et bas protestant) construit dans le cadre du projet d'urbanisation des années 1960 de Chamrousse, à la demande du père voisin, car la chapelle de Recoin était devenue trop petite. Nous découvrons la genèse du projet architectural de l'architecte-artiste Pierre Jomain, à travers le plan d'origine du centre œcuménique édifié en 1968, avec pour mot d'ordre multi-confessions chrétiennes et théâtre extérieur.

C'est un projet hyper ouvert sur le monde, pour une station de ski à l'aune des Jeux Olympiques de Grenoble en 1968, qui parait aujourd'hui un peu en décalage avec l'environnement immédiat de l'époque, un village de montagne un peu reculé et avec des montagnards pas toujours très ouverts d'esprit.

Singulière chapelle basse

La chapelle basse, comme le signifie son nom, est basse de plafond, mais aussi enveloppante et chaleureuse de par son sol en tronc de sapin, sur lequel sont posés des bancs en métal et en bois.
Elle se compose de plusieurs oeuvres réalisées par le peintre et sculpteur Jean-Marie Pirot, dit "Arcabas", bien connu dans le massif d'en face de la Chartreuse et plus inattendu à Chamrousse : un tabernacle sur bois et doré à l'or fin (non, ce n'est pas un gros mot québécois "tabarnak", mais bien un meuble qui abrite les hosties), un mur sculpté, une fresque murale elle aussi en or et le tableau "La Madone à l'enfant".
Ce sont des oeuvres fragiles à préserver, d'où le fait qu'elles ne soient pas tout le temps accessibles au grand public.

La peinture a une histoire particulière, car c'est un tableau de la Vierge réalisé pour une chapelle alors consacrée au culte protestant (alors que le culte rendu à la vierge Marie n'existe pas chez les protestants). Le tableau fut donc retiré et mis à la réserve. Ce n'est qu'après le retour du culte catholique, qu'il put y être exposé et le peintre Arcabas en fit même don à l'église du Saint-Esprit en 2014.
Les sculptures sont elles, réalisées avec le concours de Jean-Marie Piraud, participent au décor et à l'ambiance singulière de cette chapelle. Le mur arrondi est fractionné en formes géométriques qui donnent du relief en laissant passer la lumière et la façade juste à côté est creusée de figures ethniques dorées.

Après les explications sur le lieu et son histoire, patrimoine classé au Patrimoine contemporain du 20^e siècle en Rhône-Alpes depuis 2010, nous avons un moment de visite libre pour profiter des jeux de lumière créés par la fresque et la paroi qui jouent avec les rayons du soleil qui donnent vie à cette petite chapelle en forme d'oeuf.

Lumineuse chapelle haute

Nous devons ressortir de la chapelle basse par l'extérieur, car l'escalier intérieur arrive en haut directement dans l'espace de travail du prêtre de la chapelle haute. Nous faisons une pause devant l'entrée principale de l'église, pour nous en laisser conter l'ar(t)chitecture. Notre guide parle beaucoup, on ne l'arrête pas, mais c'est une personne passionnée et une source de savoir qui répond avec plaisir aux questions et nous abreuve d'anecdotes.

De la chapelle du haut, partie consacrée au culte catholique, émane une ambiance très différente avec de grandes baies vitrées qui laissent entrer la lumière du soleil. Il y a niché au fond, un autel en granit assez brut (un bloc de pierre issu du Drac, un des affluents de la rivière de l'Isère et sous-affluent du Rhône), qui est celui de l'ancienne chapelle de Recoin, ici valorisé dans le cadre de la conservation patrimoniale.
C'est un lieu agréable, même pour des personnes athées comme nous, car il se fond dans la nature avec ses portes-fenêtres coulissantes vers le haut pour profiter des places extérieures (environ 500 sièges à l'intérieur et 500 à l'extérieur inachevés). C'est un endroit emprunt de sérénité et propice à la méditation, pas trop froid et sombre grâce à ses grandes vitres, tout est rond et plus organique, comme emprunt de sacré féminin.

C'est l'artiste Pierre Székely et sa femme Vera qui ont oeuvré ici, avec l'historique autel, le siège triangulaire et le tabernacle sculptés au chalumeau. Il est également à l'origine des totems qui ornent Bachat Bouloud à Chamrousse 1700, un ancien village vacances pour les enfants construit dans les années 60. Il était composé de 8 chalets avec chacun leur totem, il n'en reste plus que 3, dont le coloré et monumental "Ange assis".
C'est aussi à Laurent Chappis, architecte pionnier de l'aménagement en montagne, que l'on doit le centre montagnard pour jeunes de Bachat-Bouloud et l'urbanisation de Roche Béranger à Chamrousse de 1959 à 1968.
Autre reliquat de l'histoire de Chamrousse, une chasuble à l'effigie des Jeux Olympiques (JO) de 1968, que le prêtre porte lors de la messe (mais qui est non-visible le reste du temps).

Conclusion

Cette visite à la découverte du patrimoine local de la station, nous a permis de redécouvrir un pan de l'histoire de Chamrousse, parce que ce n'est pas que les JO et le ski. C'est un pont culturel qui permet de relier histoire et sport, comme le puits de lumière qui relie les deux chapelles et les deux courants du christianisme. Et même pour les personnes non-croyantes, c'est une expérience courte mais complète et intéressante : l'édifice en lui-même pour le côté artistique et architectural, et notre guide pour la découverte de la personne à travers sa passion, qu'elle transmet avec sympathie et envie.

Je vous conseille, bien sûr, de prendre un temps pour faire cette visite guidée avec Bernadette, en famille avec des enfants à partir de 7 ans, entre vieux habitués de la station ou jeunes curieux.
Et pour en savoir plus, n'hésitez pas à faire un tour à la bibliothèque - ludothèque de Chamrousse, pour feuilleter les livres sur l'art et l'architecture de la station.

Chloé - une amoureuse de Chamrousse

Plus d'informations sur la culture et le patrimoine à Chamrousse : Animations culturelles